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Where the dream becomes true

Apocalypse Now

13 Avril 2014, 12:56pm

Publié par Jeje

« Si tu prends le bus de minuit et demi, tu arriveras vers 6 ou 7h à Ho Chi Minh Ville ». Voilà ce qu’on me dit à l’hôtel de Phnom Penh. JB et Sylvie arrivant tard la veille au soir, pas de problème, j’arriverai pour leur faire un bisou au réveil…. A 7h, je suis en fait à la frontière du Viet Nam... Frontière Terrestre où j’avais l’impression d’être dans un aéroport, scan de tous mes bagages, des douaniers qui ne rigolent pas… ça change du Laos ou du Cambodge, où tu passes tranquille si on oublie le fait qu’on donne plus que le prix normal du visa tant les pays sont corrompus.

Je finis par arriver à 11h30 à Saigon (ancien nom de Ho Chi Minh Ville, que j’abrègerai en HCMC), je retrouve JB et Sylvie, et direction le musée de la Guerre. On ne va pas perdre de temps, après ma session génocide à Phnom Penh, nouvelle page peu glorieuse de l’histoire du XXème siècle : les horreurs de Guerre du Viet Nam…

La Guerre du Viet Nam

A la différence du génocide cambodgien dont on n’entend beaucoup moins parlé, la guerre du Viet Nam est connue par tous, notamment grâce à Hollywood. Mais on (je ?) ne connait pas forcement le pourquoi du comment, surtout les p'tis jeunots comme moi qui n’étaient pas forcement nés à cette époque, et qui connaissent plus le général hystérique de Full Metal Jacket que les fondements de l’offensive du Têt…

Petit cours d’histoire donc, afin de comprendre pourquoi Forest Gump s’est mis à vendre des crevettes ou pourquoi Rambo est capable de courir après un tank un bazooka sur l’épaule.

21 juillet 1954 : Les accords de Genève sont signés et accordent l’indépendance au Viet Nam (au même titre que le Laos et le Cambodge) et signent la fin de la colonisation française dans la région. L’avenir du Viet Nam n’est par contre pas scellé comme celui que nous connaissons actuellement, et le pays est divisé en deux, par une frontière se situant au niveau du 17ème parallèle.

Au Nord, la République Démocratique du Viet Nam, présidé par Ho Chi Minh, leader communiste de la lutte pour l’indépendance. La RDV a pour capitale Hanoï, et un système politique stalinien se met en place.

Au Sud, la République du Viet Nam, dirigée par Ngô Dinh Diêm, anticommuniste, et largement soutenu par les américains. La capitale du Sud est Saigon.

A la fin des années 50, le Front National de Libération est créé clandestinement par Ho Chi Minh, et a pour but de réunifier le Viet Nam et reconquérant le Sud du pays. Les Vietcongs, combattants du FNL infiltrés au Sud, multiplient les attentats et les embuscades au Sud. Cela poussera les américains a commencé leur intervention au Viet Nam, le 11 novembre 1961, avec l’arrivée de 400 militaires, pour soutenir la lutte du Viet Nam Sud contre les Vietcongs…. L’engrenage de la Guerre a démarré !

En novembre 1963, Diem est assassiné lors d’un coup d’Etat organisé par… l’ambassadeur américain ! Les américains n’arrivant plus à le contrôler… 3 semaines plus tard, Kennedy est assassiné à son tour… Est-ce lié ? personne n’est capable de le dire, mais toujours est-il qu’avec ces têtes tombées, l’intervention américaine dans la région va prendre une toute autre ampleur.

Johnson succède à Kennedy, et sa crainte du communisme justifie son envie d’une guerre totale au Viet Nam. Début 1966, près de 200 000 militaires US sont présents au Viet Nam, contre à peine plus de 16 000 à la mort de Kennedy. Ce chiffre ne cesse d’augmenter, jusqu’en 1969, année érotique, mais aussi année record où plus d’un demi-million d’américains servent pour la guerre.

Malgré l’armée la plus puissante du monde, les systèmes de communication les plus développés de l’époque, et les armes les plus destructrices, l’armée américaine n’arrive pas à venir à bout de son ennemi. Les US se retrouvent embourbés dans une guerilla à travers les rizières, dans une jungle tropicale étouffante. Un environnement beaucoup mieux maitrisé par l’ennemi. Un soldat américain écrivait « quiconque fait 5 mètres à travers les herbes géantes mérite une décoration », traduisant parfaitement le merdier dans lequel ils ont été se mettre…

2 populations s’affrontent : la génération Coca-Cola & Rock’N’Roll tout juste sortie de l’université, face à des hommes vivant dans la clandestinité, habitués à se nourrir de riz matin, midi et soir, et dont la ténacité et la solidarité à déjà fait tomber l’armée française lors de la Guerre d’Indochine…

Au plus fort de la Guerre…

« L’offensive du Têt », le 30 janvier 1968, appelée ainsi en raison du calendrier, car se déroulant le jour du Nouvel An Vietnamien (fête du Têt) alors qu’une trêve générale avait été décrétée, va être un tournant psychologique dans la Guerre. L’armée Nord Vietnamienne, et les Vietcongs infiltrés dans tout le Sud, vont attaquer une cinquantaine des villes principales du pays, allant même jusqu’à occuper l’ambassade américaine à Saigon, jugée jusqu’ici imprenable. Ils ne l’occuperont que pendant 6h, mais l’image est forte ! En 10 jours, 1000 soldats américains meurent, 2000 Sud Vietnamiens et 32000 Nord-vietnamiens… Les américains mettront un mois à reprendre Hué, ville principale du Nord du Sud Viet Nam, la plus proche de la frontière.

C’est un échec militaire pour les communistes, mais c’est une victoire politique et psychologique. Johnson interrompt les bombardements au Nord le 30 mars, et les pourparlers de paix se déroulent à Paris dès le mois de mai…. La prise de pouvoir de Nixon début 1969 va malheureusement relancer la Guerre de plus belle, et faire table rase des discussions de 1968, avec notamment les bombardements intensifs du Cambodge afin de couper le passage entre le Nord et le Sud qu’empruntaient les Vietcongs.

La visite de Nixon en Chine en février 1972 provoque la colère des nord vietnamiens qui se sentent trahis par leur « allié », et qui lancent une grande offensive vers le Sud. Réaction immédiate des américains qui reprennent les bombardements sur tout le Nord Viet Nam après une pause de 3 ans et demi. Sur la seule ville d’Hanoï, entre le 18 et le 29 décembre 1972, 15 000 Tonnes de bombes vont être larguée…

De nouvelles discussions de paix ont lieu en janvier 1973 à Paris, avec en tête de file Henry Kissinger côté américain, et Lê Duc Tho côté Nord Viet Nam. Un cessez le feu est signé. Les américains stoppent les bombardements du Nord Viet Nam, tandis qu’un gouvernement procommuniste (Gouvernement Révolutionnaire Provisoire) est mis en place au Sud en parallèle du gouvernement déjà en place…. C’est beau sur le papier !

Le 15 août 1973, le Congrès américain interdit toute participation militaire américaine en Indochine. Progressivement, les troupes quittent le Viet Nam, mais le Sud continue d’être soutenu en matériel et financièrement par les USA. Malgré cela, l’armée du Sud Viet Nam est beaucoup trop faible pour résister à la poussée du Nord.

Début 1975, l’armée du Nord Viet Nam engage l’offensive finale. Les chars communistes entre le 30 avril 1975 à Saigon. La Guerre est officiellement terminée, et le 2 juillet 1976, l’Assemblée Nationale, fraichement élue, proclame la création de la République Socialiste du Viet Nam.

La paix apparente est retrouvée, mais le pays entre maintenant dans sa globalité sous un régime stalinien, où la culture de la purge est reine, envoyant tous les intellectuels et les opposants au régime dans des « camps de rééducation »…

Toute cette histoire de la Guerre n’est malheureusement pas détaillée dans le Musée que nous avons visité. Ce musée ne s’appelle pas « Histoire d’une Guerre », il avait été à la base nommé « Musée des Crimes de Guerre Américains », renommé « Musée des Vestiges de la Guerre » lors de la levée de l’embargo américain par Clinton en 1994, permettant aux touristes américains de venir sur le sol vietnamien. Vous allez comprendre en image le nom initial, de « crimes de guerre ».

Musée des Vestiges de Guerre

Je m’attendais à voir un musée du style le Mémorial de Caen sur la Second Guerre Mondiale, qui explique vraiment ce qu’il s’est passé. Mais il est facile à Caen, d’expliquer qu’un dictateur fasciste a voulu conquérir le monde, et a finalement perdu face à la démocratie et la liberté dans la plus grosse guerre qu’ait connu l’humanité.

Au Viet Nam c’est différent, le gouvernement en place est communiste, et a résisté à la tentative de libération du pays par les américains, libération du pays qui consistait au renversement du régime en place. Le musée ne traduit même pas l’origine de la lutte, mais véhicule un message du style « Les américains ont voulu nous envahir, nous leurs avons résisté, regardez ce qu’ils nous ont fait subir », sans explication du pourquoi, qui ne serait pas la bienvenue je pense, vis-à-vis du régime politique en place. Il faut tout de même reconnaitre que cette guerre a été atroce, que les américains ont tout utilisé, excepté la bombe atomique, et que le Viet Nam en subit encore les conséquences…

Retour donc en image sur les « Crimes de Guerre Américains »…

La cour avant d'entrée dans le musée, avec différents véhicules de l'armée américaineLa cour avant d'entrée dans le musée, avec différents véhicules de l'armée américaine
La cour avant d'entrée dans le musée, avec différents véhicules de l'armée américaineLa cour avant d'entrée dans le musée, avec différents véhicules de l'armée américaine
La cour avant d'entrée dans le musée, avec différents véhicules de l'armée américaineLa cour avant d'entrée dans le musée, avec différents véhicules de l'armée américaine
La cour avant d'entrée dans le musée, avec différents véhicules de l'armée américaineLa cour avant d'entrée dans le musée, avec différents véhicules de l'armée américaine

La cour avant d'entrée dans le musée, avec différents véhicules de l'armée américaine

Scènes de combat qui se passent de commentaires...
Scènes de combat qui se passent de commentaires...
Scènes de combat qui se passent de commentaires...
Scènes de combat qui se passent de commentaires...
Scènes de combat qui se passent de commentaires...
Scènes de combat qui se passent de commentaires...
Scènes de combat qui se passent de commentaires...
Scènes de combat qui se passent de commentaires...

Scènes de combat qui se passent de commentaires...

Les armes utilisées pendant la GuerreLes armes utilisées pendant la Guerre
Les armes utilisées pendant la GuerreLes armes utilisées pendant la Guerre

Les armes utilisées pendant la Guerre

Et au delà des affrontements au milieu d’une population civile, qui engendrent différents massacres, de soldats, de suspects, et d’innocents, simples civils présents au mauvais moment au mauvais endroit… Cette Guerre a surtout été la première guerre chimique, où toute l’industrie chimique américaine a mis au point les pires produits imaginables, testés grandeur nature au milieu de la jungle vietnamienne, avec notamment :

Le Napalm : substance à base d’essence, utilisée dans les bombes incendiaires, qui permettait de tout brûler et d’ainsi ouvrir des passages au milieu de la jungle.

L’agent orange : à la base un herbicide, mais ici surdosé, auquel était ajouté de la dioxine, la substance la plus toxique du monde. L’objectif de l’épandage de ce produit était d’affamer la population, mais il s’est révélé qu’il ravageait tout sur son passage : faune, flore et humains. Il provoque encore aujourd’hui de nombreux cancers et des malformations génétiques chez les nouveaux nés.

Photo célèbre d'enfants courant après avoir été victimes d'un bombardement au Napalm

Photo célèbre d'enfants courant après avoir été victimes d'un bombardement au Napalm

Victimes du Napalm...Victimes du Napalm...

Victimes du Napalm...

Tout est dévasté après un largage de Napalm...

Tout est dévasté après un largage de Napalm...

Victimes de l'Agent Orange...Victimes de l'Agent Orange...
Victimes de l'Agent Orange...Victimes de l'Agent Orange...

Victimes de l'Agent Orange...

Et à ces photos choc s’ajoute une collection de photos mettant en avant toute la contestation de la Guerre du Viet Nam notamment dans les populations occidentales, et toutes les jeunesses Peace&Love de l’époque qui rejetaient la Guerre. Une exposition photo dont la conclusion rapide pourrait être : « Regardez, même vos alliés de toujours contestent votre intervention ». C’est un fait, mais ils n’approuvaient pas pour autant le régime stalinien d’Ho Chi Minh… Et ça, ce n’est pas non plus expliqué. Ce musée est pour moi un bel exemple de propagande.

Voilà pour commencer mon séjour vietnamien, une mise en bouche qui permet de comprendre le contexte géopolitique du pays où je suis. Pays ayant peut-être connu la guerre la plus sale de l’histoire, et qui a vu triompher le communisme au dépend des américains. Aujourd’hui, le régime communiste est toujours en place, mais il s'est assoupli, et d’un point de vue économique, le Viet Nam, a connu ce qu’on appelle l’éveil du dragon, avec l’ouverture de son marché. A titre de comparaison, le Viet Nam est beaucoup moins pauvre que peuvent l’être les pays voisins comme le Laos ou le Cambodge.

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B
DE LA PROPAGANDE ? ESPECE DE CONNARD
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F
Et merci Mosanto pour l'agent orange qui continue de faire des dégâts !<br /> <br /> Profite bien du Vietnam !
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